Hors sol

Été comme hiver, de jeunes sénégalais ainsi que les autres exilés du parvis de la cathédrale de Milan se retrouvent chaque jour afin de proposer aux touristes des photos souvenirs avec ceux que l’on surnomme « les rats du ciel ». Tendre une main pleine de pitance suffit à rameuter les centaines de pigeons de la place. À travers cet échange de bons procédés, se cache une bienveillance et une solidarité face à l’imaginaire collectif du parasitisme.

”Les politiques migratoires, pour renforcer leur légitimité, mobilisent l’imaginaire animalier. Autrement dit, pour faire naître au sein des populations nationales une détestation des personnes exilées, ces politiques puisent dans notre détestation des animaux en semant le doute quant au fait que ces personnes soient véritablement humaines. Ce sont des discours de légitimation des politiques publiques qui, nous le voyons bien, mêlent spécisme, racisme, sexisme et classisme.”*

La série Hors sol cherche à mettre en évidence les similitudes du processus d’animalisation que subissent certaines populations humaines et non humaines. Ce discours consiste à dissocier les êtres humanisés reconnus comme égaux des êtres animalisés reconnus comme inégaux, en les rejetant de l’autre côté de la frontière.

*Extrait de l’article «Ce qu’animaliser veut dire», par Kahoutar Harchi (sociologue et écrivaine) pour la revue MILLE COSMOS.